Exposition d´art Latino – Américain a Paris
2 août – 4 octobre, 1962
Musée d´art moderne de la ville de Paris, France
L´ idée de cette exposition est née spontanément, et dans l'élan de l'amitié : en 1962, à Paris (ou, pour être plus précis encore, dans ce véritable microcosme qu'est devenu le sixième arrondissement de Paris) se rencontrent et se confrontent comme nulle part ailleurs maints jeunes artistes venus des nombreuses contrées de l'Amérique Latine. Ils sont tous suffisamment déterminés dans leur destin ; et ce qui leur apparaît, loin de leurs patries respectives, c'est entre eux des ressemblances bien plus que des différences. D'où ce projet les groupant sans parcellement géographique ou politique. Mexicains ou Chiliens, Antillais ou Boliviens, ils découvrent qu'ils sont unis par des aspirations et des révoltes communes, des songes communs — peut-être une nostalgie. Le séjour au bord de la Seine, dans la fine lumière du ciel parisien, un peu trop grise pour eux, parfois, mais toujours étonnamment juste avec les choses et les visages, leur permet d'achever la vision de leur univers intellectuel et sentimental. La terrasse du café fonctionne comme un lieu élu ou se décident les grandes affirmations. A Paris, tout se passe comme si les jeunes latino-américains recevaient une double révélation : celle de leur originalité native, d'abord, en tant qu'hommes solidaires du Nouveau Monde, d'un monde nouveau ; et celle de leurs véritables possibilités d'expression.
Une exposition comme celle qu'ils présentent aujourd'hui a donc pour première signification de montrer comment l'étape parisienne est décisive. Et l'initiative leur en revient : elle a été organisée en dehors de tous les organismes officiels. Ce sont les artistes, aussi, qui lui ont donné sa définition : qu'elle soit un panorama de l'activité artistique latino-américaine ces dernières années, avec un hommage aux grands aînés qui ont ouvert les voies... Sans doute, plus profondément ont-ils voulu accomplir comme un acte de reconnaissance à l'accueil d'une très grande ville, a sa force d'attraction. Leurs pays référentiels, pour eux qui parlent castillan ou portugais, devraient être bien plutôt ceux de la péninsule ibérique ; or, il n'en est rien, et l'on sait trop bien pour quelles raisons... Donc Paris, remplaçant Madrid, Lisbonne ou Barcelone, leur est devenu comme irremplaçable
La diversité, sans doute, est la première impression que produit un parcours des œuvres. Comment s'en étonner, si l'on pense un instant à la fabuleuse généalogie de leurs auteurs ?
Cet homme du Nouveau Monde, au sud du Rio Bravo, est d'un alliage ethnique véritablement inimaginable. It est né, mais longtemps après le chasseur de Lascaux, du heurt des nomades mongols et des navigateurs polynésiens. Il a été le tailleur de jade olmèque et l'astronome maya, l'urbaniste sacré de Teotihuacan et le bâtisseur lunaire de Tiahuanaco. Il a donné à un Empire socialiste quatre Orients croisant leurs rayons au Cuzco où régnèrent douze Incas vêtus d'or. II a assuré, depuis l'altiplane mexicaine jusqu'au-delà de la jungle guatémaltèque, la suprématie du Serpent à Plumes et du Colibri de la Gauche. Il a été la race de Moctezuma et celle de Pachacuti...
...Et il est encore, sur les à-pic des cañons et dans les forêts aurifères de la Sierra Madre, le Tarahumara maigre et hâle, au front ceint du bandeau blanc. Il est, dans la brousse brûlée du Yucatan, le Maya râblé au sourire éclatant, au silence ombrageux ; le Caraïbe de l'archipel antillais ; le Tupi du Brésil et l'Uru du lac Titicaca, quelques familles dérivant lentement pour mourir sur leur ilôt de balsa... Il est le Quechua mâcheur de coca, et l'Araucan, mâcheur de brume australe...
Ce premier terreau ethnique, dont les composantes sont certes de très inégale importance, a été charrué par le fer et le feu des envahisseurs ibériques. On sait comment, au sud du Rio Bravo, il n'y eut guère, pendant les trois siècles qui suivirent la Conquête, qu'une nouvelle Ibérie, espagnole et portugaise. Le métissage, pourtant, ne s'arrêta point là : l'Italie offrit ses surplus humains, le reste de l'Europe, plus chichement ; et il eut encore un fort apport de sang africain qui fit dès lors battre d'un rythme marqué le cœur de ces hommes qui sont maintenant quelque cent millions.
Et la neuve variante de la vieille question se pose : comment être latino-américain, si l'on ne se satisfait plus de l'imitation de certains des ancêtres ?
Les artistes, comme les écrivains, sont sans doute les premiers à élaborer une réponse. Mais pour les entendre, encore faut-il savoir que le lieu de leur destin est un théâtre formidable où les éléments ont laissé libre cours à leur imagination dans toute sa puissance. La métropole futuriste de Brasilia ne fait pas oublier que l'Amazonie est encore pour une bonne part terra incognita ; qu'entre les deux tropiques — tous deux latino-américains — on dénombre quelques-uns des plus géants sommets du monde, quelques-unes des plus vénéneuses selves, et des fleuves redoutables à l'égal des océans. L'extrême et l'excès sont consubstantiels à cette Amérique où l'homme n'est pas — le sera-t-il jamais ? — la mesure de toutes choses : car c'en est bien plutôt le volcan, le cyclone, le feu solaire, comme aussi bien le colibri et l'orchidée...
Comment faire entrer en composition toutes ces données, surabondance ethnique, traditions obscures, culture imposée, décor impérieux ? Tel est finalement le problème vital que doit affronter l'art iste latino-américain. Et ce sont les moyens de cet affrontement qu'il vient demander au Paris européen d'aujourd’hui. Tout de suite, il apprend que si les moyens peuvent être universels, sa vision ne sera valable qu'en fonction de son originalité, de sa spécificité latino-américaine. On le voit au mouvement général de cet ensemble d'œuvres plastiques, comme on le savait déjà de l'admirable jaillissement du lyrisme dont le catalogue recueille par ailleurs quelques échos : au sud du Rio Bravo, une aventure humaine déterminante est commencée. Les poètes, les sculpteurs, les peintres font mieux que la proclamer : précédant l'Histoire, ils lui donnent déjà ses premiers trophées.
Jean-Clarence Lambert
UNE REALITE MYTHIQUE
Sous les pas des Portugais, des Espagnols et des Jésuites, écumé par les uns et par les autres, le continent sud-américain, prolongé par ses îles et par les terres mexicaines, a perdu sa réalité mythique. Pour l'Europe, il n'a été qu'une série de clichés laroussiens dès l'instant où (pauvre Maximilien !) les descendants plus ou moins purs des Conquistadors hissèrent une foule de pavillons diversement colorés sur leurs terres.
Terres de l'or et bientôt terres du pétrole (disons : de l'oil), terres à révolutions et a généraux, de leur XIXe siècle Paris a connu quelques résultats, tout en enrichissant son vocabulaire de “pérous” et de “ratas”. (De Manaos, capitale du caoutchouc, les grands seigneurs venaient directement sur les boulevards parisiens sans passer par Rio...) A la vérité solaire des Incas et des Aztèques de jadis, au zèle sanguinaire et baroque des Pizarre et des bâtisseurs d'églises tout en or, au génie populaire d'un Aleijadinho, succédait une civilisation bourgeoise qui voyageait en paquebots de luxe jusqu'au Havre, avant de s'envoler en “jet” jusqu'à Orly — et qui dansa le “tango” avant de danser la “rumba”... Heureusement qu'il y avait toujours dans la forêt de l'Amazone des chasseurs de têtes au travail. Et qu'au Mexique un peuple de “péons” pouvait se soulever. Et que les invectives torrentielles de Castro ont mis fin au tourisme havanais…! L'Amérique latine a ceci de bon que son espoir de vie dépasse toujours le guignol des Diaz et de Trujillos !
...En art, après les Bitti au Pérou, les peintres de Tunja en Colombie, les Post au Brésil, les Holguin en Bolivie, sous-produits italiens, hollandais et espagnols, l'Amérique latine a connu l'invasion de l'académisme français qui lui apporta des figures toutes faites “sur fond caca”. (En échange elle a donné ses plus beaux rêves à la vie rêvée du Douanier Rousseau). Mais plus de mille ans après les gens de Teotihuacan et les peintres mayas du temple de Bonampak, Posada déchaînait sa sarabande de squelettes, à la fois figures de la Mort elle-même et de la menace de mort qui pesait déjà sur une société post-coloniale avec ses habitudes, ses gaûts, son régime, en somme... A partir de là, de nouveaux jeux se faisaient : les rapports avec l'Europe pouvaient devenir actifs, à travers un commerce de valeurs, civilisation contre civilisation — d'un côte la conscience d'un sous-sol historique, qui s'éveillait ; d'un autre un système figuratif, voire un système mental, qui naissait contre un héritage abâtardi.
...Les Brésiliens ont créé l'Anthropophagie poétique et picturale il y a quarante ans (et Max Jacob y était) ; les Mexicains, une peinture nationaliste dans les années 30 (mais Rivera avait séjourné à Paris — et au Mexique il signa avec Breton le manifeste de l'Art Révolutionnaire Indépendant, qui fut discuté avec Trotsky) ; dans les années 40, des dizaines de peintres, du Venezuela à l'Argentine, se mettaient à l'heure concrétiste... Les Uruguayens Figari et Torres-Garcia, Pettoruti qui joua en Argentine un rôle considérable, la Cubaine Pelaez, la Brésilienne Tarsilla do Amaral, Cicero Dias (“J'ai connu Cicero Dias le Brésilien chez Pablo Picasso l'Espagnol... ” — C'est ainsi qu'Eluard commençait un de ses textes critiques), d'autres encore remplissent les années 20 et 30, entre Paris et la côte atlantique de l'Amérique latine. Pettoruti et Cicero sont devenus peintres de Paris ; après eux des dizaines, des centaines d'autres sont venus ici, lorsque, la guerre finie, le monde a encore perdu des frontières, dont celles des océans. En même temps, dans un mouvement complémentaire, les peintres du monde entier se donnent rendez-vous aux Biennales de Sao Paulo.
...Et, tandis que Paalen se suicide au Mexique, les courants de l'imaginaire reçoivent, à Paris toujours, de Tamayo, de Lam, de Matta, des vérités nouvelles — terribles vérités d'un continent qui a ouvert la boîte magique de ses monstres, de ses rages, de ses délires, et de ses exigences de transfiguration. D'un monde qui s'efforce de réacquérir sa réalité mythique. D'un monde dont la réalité est “Encuba Ahora” (Matta)...
Paris, juin 1962.
José-Augusto França
Dire que tous les courants intellectuels qui ont agité l'Europe depuis quatre siècles ont eu une répercussion en Amérique Latine semble tout à fait évident, puisque nous sommes des provinces de la Culture de l'Occident et que nous parlons et pensons en langues occidentales. Mais le problème historique consiste à éclaircir sur quels aspects ou quels angles de la réalité ces courants se reflétèrent chez nous, ou ce que nous avons fait ou pensons faire avec ces instruments élaborés pour l'esprit européen. La conjoncture intellectuelle latino-américaine s'est également assez modifiée au cours des dernières années, et nous n'attendons plus exclusivement de l'Europe les méthodes d'études et de recherche spirituelle. Des faits et conditions spécifiques font que les produits de notre culture n'obéissent pas toujours au synchronisme de l'Histoire européenne.
A côte du vaste héritage occidental, on a vu s'accentuer pendant les trois dernières décades la conscience indigène et l'apport esthétique et symbolique des cultures préhispaniques qui, bien, que beaucoup plus vivantes dans les pays où il existe de grandes masses de population archaïque, comme le Mexique, le Pérou, l'Equateur et la Bolivie, font également sentir leur influence dans d'autres nations. Pour un Péruvien ou un Mexicain ce qui est indigène n'est pas seulement une curiosité archéologique mais une expérience vécue et palpitante. Bien qu'il y eut d'autres époques — telle la fin du XVIIIe siècle — au cours desquelles la revendication des peuples aborigènes et asservis s'opposa comme ferment révolutionnaire à la politique des métropoles européennes, ou comme le romantisme qui fit de l'indien le sujet de toute une littérature sentimentale, l´hispano-américain prend actuellement conscience avec une perplexité grandissante, de l'apport indigène.
Les explorations archéologiques ont élargi tant en espace qu'en temps et en profondeur ce qui peut s'appeler l'orbite du passé indigène. De nouvelles vines et des palais mayas apparus au sud de México, au Guatemala et en Honduras ; des cultures inédites mises à jour sur le Haut Plateau mexicain et aussi mystérieuses et fascinantes que celle de Tlatlilco ; un art pictural d'une aussi grande richesse narrative et documentaire que celle des fresques de Bonampak ; des villes pré-incas retrouvées dans les montagnes péruviennes et de multiples découvertes réalisées partout, nous offrent un, butin de merveilles mais aussi de problèmes sur nos origines. La chronologie de cette préhistoire se prolonge beaucoup plus dans le passé que ne le supposaient les archéologues sceptiques d'il y a à peine trente ans. Cette Amérique initiale apparaît maintenant presque aussi millénaire que les civilisations orientales. Non seulement les emplacements des vieux “empires” péruviens et mexicains, mais même des pays de moindre valeur archéologique — comme le Venezuela — commencent à révéler les restes enfouis de cultures disparues.
Mais ce legs indigène n'aurait pas autant de validité si l'attitude spirituelle de l'homme du XXe siècle, si certains courants profonds psychiques et l'art contemporain ne nous préparaient pas — mieux qu' à d'autres époques — à la compréhension de ces formes ultra-archaïques. Les néoclassiques et les rationalistes du XVIIIe siècle n'auraient pas compris l'art monumental de Chichen-Itza et Palenque, de Mitla, Tula et Teotihuacan comme peuvent le sentir et le faire revivre les contemporain de Picasso. Monstres, symboles, rêves et formes de notre époque angoissée et blasée s'apparentent à ceux des âges lointains. A travers notre immersion dans les mystères de l'Etnologie, de l'énigme symbolique des cultures les plus vieilles de l'humanité, de la terrible notion cosmique des mythes germinaux, du sondage dans le subconscient dont la psychologie actuelle se vante, les grandes cultures des Aztèques ou des Olmèques deviennent plus proches et compréhensibles.
Mariano Picon-Salas
Choix des textes et poèmes réalisé par J.-C. Lambert
UNE TANTE EN DIFFICULTE
Julio Cortazar
Argentina (1914)
Pourquoi notre tante a-t-elle si peur de tomber sur le dos ? Voici des années que la famille essaie de la guérir de cette obsession mais il nous faut confessor notre impuissance. Quoique nous ayions pu faire, tante a toujours peur de tomber sur le dos et son innocente manie complique notre vie à tous, à commencer par mon pére qui l'accompagne fraternellement partout non sans avoir auparavant passé en revue les parquets afin qu'elle puisse s'y aventurer sans crainte ; ma mère, elle, s'évertue à balayer la cour plusieurs fois par jour, mes sœurs ramassent leurs balles de tennis aussitôt que tombées, mes cousins effacent toute trace imputable aux chiens, aux chats, aux tortues et aux poules qui prolifèrent dans la maison. Peine perdue, tante ne se résout à traverser une pièce qu'après de longues hésitations, d'interminables coups d'œil inquisiteurs et de terribles menaces à tout enfant qui oserait passer par là à ce moment. Enfin elle s'ébranle, avançant d'abord un pied, et l'agitant comme fait le boxeur dans la caisse de résine, puis l'autre en propulsant son corps d'un mouvement qui nous semblait très majestueux quand nous étions enfants. Elle met plusieurs minutes pour aller d'une porte l'autre. C'est horrible.
Souvent la famille lui a demandé de s'expliquer sur cette phobie. La première fois, nous ne reçûmes en réponse qu'un silence épais à couper au couteau ; mais un soir, après un petit verre d'eau de coings, elle consentit à révéler que si elle tombait sur le dos, elle ne pourrait plus se relever. On lui fit observer en toute logique que trente-deux membres de la famille étaient tout disposés à voler à son secours mais elle nous répondit par un regard voilé et ces trois mots : “Quand bien même...” Quelques jours plus tard, mon frère aîné m'appela un soir à la cuisine et me montra sous l'évier un cafard tombé sur le dos. Sans mot dire, nous assistâmes à ses vains et longs efforts pour se relever, tandis que d'autres cafards, bravant la peur de la lumière venaient tourner autour de lui et le frôlaient dans leurs va-et-vient. Nous allâmes nous coucher en proie à une grande mélancolie et, pour cette raison ou pour une autre, personne ne demanda plus jamais d'explications à tante. Nous nous bornâmes à alléger sa peur de notre mieux, à l'accompagner partout, à lui donner le bras, à lui acheter des chaussures antidérapantes et autres stabilisateurs. Et la vie continue, tout aussi supportable que bien d'autres.
LE MANTEAU ROUGE
(Extraits)
Carlos Garcete
Paraguay
Un orchestre loué dans le village voisin jouait bruyamment une polka. Avec ses couteaux de feu, le soleil continuait à poignarder la petite place et les ivrognes qui dormaient la face vers le ciel, jetés en pâture. Des fleuves d'alcool et de bière avaient coulé pendant la journée ; la fête battait son plein. Des milliers de foulards de couleur noués autour du cou des muletiers brillaient dans le soir sans nuages. Bon nombre d'entre eux, excités par l'alcool, criaient en défi “vive le Parti !” Les foulards bleus et verts demeurèrent au fond des malles. Les porter aurait signifié une provocation, une rixe et peut-être la mort. A cause de cela luisaient seulement les mouchoirs noirs ou blancs, couleurs n'attisant pas la colère du parti gouvernemental
La cloche de l'église appelait dévotement les fidèles. La procession allait commencer d'un moment à l'autre. Les Enfants de Marie s'alignaient deux par deux, les enfants de chœur avec leurs bannières, la fanfare, le public et les cavaliers se groupaient déjà, attendant l'instant solennel devant l´église.
Ces instants de recueillement, d'attente impatiente, furent interrompus par un galop — des cavaliers — qui se rapprochait de plus en plus. Soudain un groupe d'hommes à cheval apparut ; ils amenèrent leurs coursiers presque au-dessus de la foule massée en face de l'église. Il y en avait dix, les grands foulards rouges autour du cou. Ils descendirent de cheval et -revolver en main — pénétrèrent dans l'église par la porte principale.
—Jésus, Marie, Joseph ! dit une vieille, effrayée par l'apparition subite des hommes qui violaient la Maison de Dieu.
Les hommes, sans rentrer leurs armes, se présentèrent en face du curé.
—Père, la Vierge paraguayenne est rouge ! Nous n'allons pas souffrir davantage qu'elle porte le manteau bleu ! dit un homme qui paraissait être le chef.
—Nous allons le teindre à l'instant même ! reprit un autre.
Le curé ne parvenait plus à parler. La surprise et l'audace de la proposition lui avaient paralyse la langue.
—C'est... que... vous ne... pouvez... balbutia le cure.
—Il n'y a rien à faire, nous l'ordonnons maintenant.
Le cure sortit de son étonnement et alla vers le parvis, et, d'une chaire improvisée, il informa le public de la situation, cherchant l'appui de ses fidèles :
—Mes chers frères... un groupe d'hommes ont commis un grand péché en violant notre sainte église... ils veulent peindre en rouge le manteau de notre Vierge très aimée !
Un homme parmi la foule interrompit les paroles du curé d'un cri irrévérencieux :
—Vive la Vierge rouge du Rosaire !
—La Vierge du Rosaire est rouge ! crièrent plusieurs autres, acclamant par des vivats le changement de couleur du manteau.
Le curé, élevant la voix pour être entendu au milieu du brouhaha, continua :
— Changer de couleur le manteau de notre Vierge du Rosaire, notre chère patronne, est un péché impardonnable. Les saintes écritures disent que sa couleur est bleue ; c'est ainsi qu'elle est arrivée de Rome et a été bénie par Sa Sainteté le Pape Pie XII...
—Ce Pape Pie... je ne sais combien, doit être libéral ! cria un muletier.
Un homme grand, robuste, au visage serein, fit ce commentaire :
—La Vierge n'a pas de parti ; la Vierge fait des miracles pour tous les Paraguayens.
A peine avait-il fini de parler qu'un homme l'attaqua, couteau en main. Tous deux reçurent des blessures profondes dans le duel créole.
Deux clans se placèrent face à face, les poignards étincelant au soleil. Avec la pointe de leur acier, ils allaient décider la filiation politique de la Vierge du Rosaire.
Les Enfants de Marie, les enfants de chœur avec leurs bannières, et les femmes, pleuraient, criaient aux hommes de ne plus se battre.
Ce fut là, dans ce combat, qu'Eligio Ramos reçut le coup de poignard mortel.
Les cloches tintèrent, intimidantes. Le curé descendit les marches et se mêla aux combattants.
L'image de la Vierge du Rosaire apparut dans le portail, radieuse, majestueuse, avec son manteau rouge, dévotement portée sur des brancards par les hommes qui, venus à cheval, avaient violé son sanctuaire.
La peinture encore humide, la procession commença. L'orchestre exécutait sérieusement une marche sacrée.
Avec des coups de revolver, des pétards et des fusées, une partie des fidèles fêtait le changement de parti de la Vierge, tandis que l'autre, muette, tête basse, marchait lentement derrière.
Traduit par C. COUFFON.
JE MOURRAI A PARIS
CESAR VALLEJO
Perou (1893-1938)
Je mourrai à Paris, sous l'averse,
un jour dont je me souviens déjà.
Je mourrai à Paris — et je n'en ai point honte—
peut-être un jeudi, comme aujourd'hui, d'automne.
Ce sera un jeudi, car aujourd'hui jeudi
que j´écris ces vers, les os des bras me font mal
et, jamais comme aujourd'hui, je ne me suis revu,
de tout mon chemin, tellement seul.
Cesar Vallejo est mort, tous
le frappent et lui ne leur fait rien ;
ils cognent dur, avec un bâton, dur
avec une corde ; témoins
les jours jeudi et les os de ses bras,
la solitude, la pluie, les chemins...
Traduct. Fernand VERHESEN
TOUR EIFFEL 1918
Vicente Huidobro
Chili (1893- 1948)
Tour Eiffel
Guitare du ciel
Ta télégraphie sans fils
Attire les mots
Comme un rosier les abeilles
Pendant la nuit
La Seine ne coule pas
Télescope ou clairon
TOUR EIFFEL
Et c'est une ruche de mots
Ou un encrier de miel
Au fond de l'aube
Une araignée aux pattes en fit de fer
Faisait sa toile de nuages
Mon petit garçon
Pour monter à la Tour Eiffel
On monte sur une chanson
Do
ré
mi
fa
sol
la
si
do
Nous sommes en haut
Un oiseau chance
Dans les antennes
Télégraphiques
C'est le vent
De l'Europe
Le vent électrique
Là-bas
Les chapeaux s'envolent
lls ont des ailes mais ils ne chantent pas
Jacqueline
Fille de France
Qu'est-ce que tu vois là-haut
La Seine dort
Sous l'ombre de ses ponts
Je vois tourner la Terre
Et je sonne mon clairon
Vers toutes les mers
Sur le chemin
De ton parfum
Toutes les abeilles et les paroles s'evont
Sur les quatre horizons
Qui n'a pas entendu cette chanson
JE SUIS LA REINE DE L'AUBE DES POLES
JE SUIS LA ROSE DES VENTS
QUI SE FANE TOUS LES AUTOMNES
ET TOUTE PLEINE DE NEIGE
JE MEURS DE LA MORT DE CETTE ROSE
DANS MA TETE
UN OISEAU CHANTE TOUTE L'ANNEE
C'est comme ça qu'un jour la Tour m'a parlé
Tour Eiffel
Volière du monde
Chante Chante
Sonnerie de Paris
Le géant pendu au milieu du vide
Est l'affiche de France
Le jour de la Victoire
Tu la raconteras aux étoiles
L´ENTRAGERE
Gabriela Mistral
Chili (1889-1957)
Elle parle avec son accent de ses mers barbares,
avec je ne sais quelles algues et je ne sais quels sables ;
elle fait sa prière a un dieu sans corps et sans poids,
vieillie comme si elle allait mourir.
Dans notre jardin, qu'elle nous a rendu étranger,
elle a mis des cactus et des herbes griffues.
Elle nous souffle l'haleine du désert ;
elle a aimé d'une passion qui l'a blanchie,
qu'elle ne nous raconte jamais et si elle nous la racontait,
ce serait comme la carte d'une autre planète.
Elle pourra vivre parmi nous cent ans,
et ce sera toujours comme si elle venait d'arriver,
parlant une langue essoufflée et gémissante,
comprise seulement des bestioles.
Et elle va mourir au milieu de nous,
une nuit où elle souffrira trop
avec son seul destin pour oreiller,
d'une mort sans bruit et étrangère.
Traduct. M Pones
LE RETOUR
Jorge Gaitan Duran
Colombia (1924 – 1962)
Le retour pour mourir est grand
(A dit le roi d´Ithaque avec son aventure).
Mais j'aime le soleil de ma patrie,
Le cerf roux qui bondit à travers les coteaux,
Et les nobles voix de l'après-midi qui furent
Ma famine.
Il est mieux de mourir sans que personne
Ne lamente des gloires matinales, loin
Du cher été où j'ai connu des dieux.
Tout faire pour que mon image disparue
Soit de la maison la dernière fable.
LA TERRE QUI ÉTAIT MON BIEN
Uniquement pour retrouver Sophie von Kühn,
Amante de treize ans, Novalis crut en l'autre monde;
Mais moi je crois aux soleils, aux arbres, aux neiges,
Et au papillon blanc sur une rose rouge,
A l'herbe qui ondule, au jour qui meurt,
Car seulement ici comme un don fugace je peux t'embraser,
Comme un dieu enfin me créer dans tes pupilles,
Car je to perds avec in terre qui était mon Bien
Traduit par Claude Couffon.
CHANSON DES PETITS ESCLAVES
MANUEL BANDEIRA
Bresil (1886)
Constellations
Maîtressés vraiment
Trop insouciantes !
O petits esclaves,
Secouez vos chaînes !
Les cieux sont plus sombres
Que les beaux miroirs.
Finis les tracas.
Finie toute peine.
O petits esclaves,
Black-boulez les refines.
La folle journée
J'aurai vite fait
D'avoir mis d'emblée
Toutes les sirènes
Sous mes arrosoirs.
Car voici demain.
O petits esclaves,
Secouez vos chaînes,
Donnez-vous la main.
TEMPS ET MORT A COPAN
MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Guatemala
Il fut autre, couleurs extraites de la terre,
cet acte de peindre des parois, des tatouages
par horreur du vain, temps et mort ;
cet acte d'enclore l'espace entre des murs
par horreur du vide, temps et mort ;
cet acte de frapper sur la pierre et le bois
par horreur du silence, temps et mort.
Il fut autre, calendrier du feu des astres,
cet acte de remonter tant d'histoire
par horreur de l'avenir, temps et mort ;
cet acte d'abriter la face sous des masques
par horreur du présent, temps et mort ;
cet acte d'effacer l'abstrait avec des nombres
par horreur de l'éternel, temps et mort.
Il fut autre, racines et semences dans la terre,
cet acte de peupler de semis les humus
par horreur de la faim, temps et mort ;
cet artériel secret des eaux
par horreur des sècheresses, temps et mort ;
cet acte de veiller la lune avec les yeux
par horreur de l'ombre, temps et mort.
II fut autre, engrais religieux et transparent,
cet acte d'adorer la pluie, le soleil et la terre
par horreur de l'incertain, temps et mort ;
cet acte de se blesser la langue avec des épines
par horreur du doute, temps et mort ;
et cet acte d'apprendre les noms du chemin
par horreur du retour, temps et mort.
Il fut autre, les sens en amoureux lichen,
cet acte de gémir en écorce femelle
par horreur de se dessécher, temps et mort ;
cet acte de lancer les flèches de to vie
par horreur de les garder siennes, temps et mort ;
et cet acte de rester en fils de la chair
par horreur de la tombe, temps et mort.
Traduit par Claude Couffon.
DÉSIRS
Carlos Pellicer
Mexique (1897)
Tropique, pour quoi m'as-tu donné
des mains pleines de couleurs ?
Tout ce que je toucherai
s'emplira de soleil.
Dans les soirées subtiles d'autres contrées
je passerai avec mes bruits de verre irisé.
Laisse-moi seul un instant
changer mon cœur de climat,
boire la pénombre d'une chose déserte,
m'incliner en silence à un lointain balcon,
m'enfoncer dans les plis fins d'un manteau,
me disperser au bord d'une suave dévotion, caresser doucement des chevelures plates,
écrire avec un crayon fin ma méditation.
Oh, cesser un seul instant
d'être l'aide de camp du soleil !
Tropique, pourquoi m'as-tu donné
des mains pleines de couleurs ?
Traduct. P. Darmangeat.
LE RETOUR
Carlos Drummond de Andrade
Brésil (1902)
Quel est ce bruit dans l'escalier ?
C'est l'amour en train de finir,
C'est l'homme qui a fermé la porte
et s'est pendu au rideau.
Quel est ce bruit dans l'escalier ?
C'est Guiomar qui a mis la main sur les yeux,
et s'est mouché bruyamment.
C'est la lune immobile sur les assiettes
et les métaux qui luisent sur l'étagère.
Quel est ce bruit dans l'escalier ?
C'est un robinet coulant goutte à goutte
et la plainte imperceptible
de quelqu'un qui a perdu au jeu
tandis que la musique
prend un ton plus bas, plus bas.
Quel est ce bruit dans l'escalier ?
C'est une vierge avec le trombone,
un enfant avec le tambour
un évêque avec la clochette
et quelqu'un étouffant la rumeur
qui jaillit de mon cœur.
Traduct. A. D. Tavares Bastos.
L'OBJET ET SON OMBRE
Jorge Carrera Andrade
Equateur (1903)
Architecture fidèle du monde,
Réalité plus juste que le songe.
L'abstraction s'éteint en une seconde :
Seul demeure un froncement de sourcils.
Les choses. Tout ce qu'est la vie aussi.
L'univers entier est une présence
L'ombre à son objet toujours attachée,
Peut-être change-t-elle son essence ?
Lavez donc le monde — voici la clef —
Des mille fantômes de la pensée.
Que le navire de l'œil appareille
Alors pour de nouvelles découvertes !
CHALEUR
ELVIO ROMERO
Il est descendu l'été.
Il descend
et réchauffe le soir les feux
faisant couler une cire démente
dans les écorces,
les sillons
et la peau des bêtes.
Un été de feu.
Un soldat
calme sa soif en mordant l'herbe,
en ouvrant l'insatiable
lèvre desséchée sur une brûlante sieste.
Il est descendu l'été.
Et il lâche
un oiseau incandescent
et un éclat de feu
NU A MIDI
Damian Carlos Bayon
Argentine
Tout dévêtu de soleil...
Sur le pas d'une porte.
Au soleil,
Appuyé sur un coude
Et penché, regardant ou attendant.
Vêtu de ta seule nudité
Comme d'une chaste étoffe,
Argué, courbe tendue,
Arc de sang et de rêve.
Paisible,
Ramassé de tout ton poids,
De tes brèves années.
Une immense pudeur t'enveloppait
Comme un parfum lointain.
Un silence du temps
Et la saison
Te doraient comme une grappe.
Tu étais toi-même, simplement :
Ton nom, ta voix pleine,
Ton âge ; ton corps entier.
Je ne sais ni ton nom, ni ta voix, ni ton âge.
Il me reste le souvenir flambant de ton corps
Et d'une porte, je ne sais plus laquelle.
Traduct. de Laure Guille.
LE DÉTERRÉ
(1935)
Pablo Neruda
Chili (1904)
Quand in terre pleine de paupières mouillées,
deviendra cendre, air dur et bluté,
quand les mottes séchées, les eaux,
les puits et les métaux
rendront enfin leurs morts usés,
je veux une oreille, un œil,
un cœur meurtri et cahotant,
la plaie qu'un poignard dès longtemps a creusée
dans un corps dès longtemps exterminé et seul,
je veux des mains et une science d'ongles,
une bouche d'épouvante et de coquelicot mourant,
je veux voir lever de la poussière inutile
un arbre rauque de veines secouées,
je veux, de la terre d'amertume,
parmi soufre et turquoise et vagues rouges,
parmi des tourbillons d'un charbon silencieux,
je veux une chair qui réveille ses os
hurlants de flammes,
un odorat spécial qui cherche quelque chose,
un regard aveuglé par la terre,
courant après deux yeux obscurs,
une oreille, soudain, comme une huître furieuse,
rageuse, démesurée,
dressée vers le tonnerre,
un toucher pur, égaré dans le sel,
qui palpe, tout à coup, les seins et les lys blancs.
O jour des morts ! O distance vers où
l’épi mort gît dans son odeur de foudre !
O galeries qui nous donnent un nid,
un poisson, une joue, une épée,
mais tous broyés parmi la confusion,
déchus sans espérance,
nourris d'abîme sec
entre les dents de la très dure terre.
Et la plume est rendue à son oiseau suave,
la lune à sa ceinture, le parfum à sa forme,
et, dans les fleurs, voici le déterré,
l'homme plein d'algues minérales,
à leurs deux cavités ses yeux faisant retour.
Il est nu,
ses vêtements ne traînent pas dans la poussière,
son armure brisée a glissé dans l´enfer
et sa barbe a grandi comme le vent d'automne,
et son cœur même veut mordre aux pommes mûres.
Pendent à ses genous, à ses épaules,
adhérences d'oubli, effilochures de sol,
zones de verre pilé, d'aluminium,
coquilles de cadavres amers,
poches pleines d'une eau qui s'est changée en fer ;
et ensemble de terribles bouches
répandues et bleues,
des rameaux de corail angoissé
font une couronne à sa tête verte ;
et de tristes végétaux défunts,
des boiseries nocturnes l'environnent,
et en lui dorment encore des colombes entr'ouvertes
avec des yeux de ciment sous-terrain...
Traduit par P. Darmangeat
DISCOURS SUR LE TROPIQUE
Nicolas Guillen
Cuba (1904)
Tropique,
ta flamme vivante
dore les hauts nuages
et le ciel profond, ceint de l'Arc du Midi
Tu sèches dans la peau des arbres
l'angoisse du lézard.
Tu graisses les roues du vent
pour effrayer les palmeraies.
Tu traverses
d'une grande flèche rouge
le cœur des forêts
et la chair des fleuves.
Je te vois venir par les chemins ardents
Tropique,
avec ton panier de mangues,
tes cannes généreuses
et tes caïmites violets comme le sexe des négresses.
Je te vois avec tes mains rudes
sauvagement partager les graines
et faire surgir l'arbre opulent :
arbre nouveau-né, mais déjà capable
de s'élancer dans les bosquets chantants.
Ici,
au milieu de la mer
jouant dans les eaux avec mes Antilles nues,
Je te salue, Tropique,
d'un salut sportif
et printanier
qui jaillit de mon poumon salé
à travers ces îles scandaleuses
qui sont aussi tes filles...
(La Jamaïque prétend
qu'elle est heureuse d'être noire
et Cuba se sait déjà mulâtresse)
Ah !
Quelle avidité
de respirer la fumée de ton incendie
et de sentir les deux puits amers des aisselles !
Tes aisselles, ô Tropique,
avec leur duvet tordu et retordu dans tes flammes.
Je te dois ce corps obscur,
les jambes agiles et la tête crêpue ;
mon, amour pour les femmes élémentaires
et ce sang inextinguible.
Je te dois les journées hautes
dont l'étoffe bleue porte incrustés
des soleils ronds et riants ;
je te dois les lèvres humides,
la queue du jaguar et la salive des vipères ;
je te dois le puits où boivent les fauves assoiffés
je te dois, Tropique,
cet enthousiasme enfantin
de courir sur la piste
de ton profond ceinturon plein de roses jaunes,
riant sur les montagnes et les nuages
pendant qu'un ciel maritime
se déchire en interminables vagues d’étoiles à mes pieds !
Traduct. Par Yvan Goll.
L E BRUSQUE POEME
DE LA FEMME AIMÉE
Vinicius de Moraes
Brésil (1913)
Loin de pêcheurs les fleuves infinis vont lentement se mourant
[de soil...
Ils ont été vus cheminant de nuit vers l'amour — Oh, la femme
[aimée est comme la source !
La femme aimée est comme la pensée du philosophe souffrant
La femme aimée est comme le lac dormant sur la colline perdue
Mais quelle est cette mystérieuse qui est comme un cierge
[crépitant dans la poitrine ?
Celle qui a des yeux, des lèvres et des dents dans une forme
[inexistante ?
Par le blé à naître dans les plaines de soleil la terre amoureuse
[a élevé la face pâle des lits
Et les paysans se transforment en princes aux mains fines, aux
[visages transfigurés...
Oh, la femme aimée est l'onde solitaire courant loin des plages
Posée au fond sera l’étoile et plus loin au-delà.
Traduct. J.G. Rueff
METAMORPHOSE
Juan Liscano
Venezuela (1915)
Tu chantes. Je chante.
Les langues de notre chant nagent dans le vent
Comme deux poissons de phosphore.
Tu chantes du fond de ton être.
Je chante du fond de mon être.
Et les visages inconnus recouvrent nos visages.
Tu chantes du fond de ce nouveau visage apparu,
Ta chair qui s'irise fleurit en ce cristal de neige,
Une lune marine l'embrase, une lune intérieure,
Et to resplendis comme une grotte de glace.
Je chante du fond de mon être. Je renais diffèrent,
Je sens jaillir de moi une voix inconnue,
Un verbe, une langue ignorée,
Je sens jaillir un homme de désirs comme un brasier soudain,
Dauphin qui s'élance dans l'air,
Ours qui se dresse, flèche qui perce la cible au cœur.
Je chante. Tu chantes. Nous cessons d'être les mêmes.
Les glaces reculent. Les glaciers se confondent.
La nuit s'emplit d'eaux qui murmurent.
Et nos voix nagent dans le vent
Comme deux poissons de phosphore,
Et volent dans l'air bleu de lune
Comme deux oiseaux constellés.
Tu chantes du fond de ces êtres qui te peuplent
Et le chœur de leurs voix t'emplit,
Tu es la terre, l'eau, le feu,
Tu es l'oiseau femelle, le nid tiède.
Je chante du fond de mes mots,
Je suis la pluie, le fleuve, la cendre, la fumée,
Je suis le vent et mes langues lèchent tes plumes.
Tu es l'écho du vent
Lorsque sa rumeur de fond roule parmi les pinèdes,
Je suis les pins.
Je chante. Tu chantes.
Ta voix sonne comme ma voix. Ma voix prend le son de to voix.
Tu es maintenant la pluie ; la neige ; la grêle de mille pas
Et je suis la terre, l'eau ; ce que tu étais,
Tu te mires en moi ainsi qu'un paysage,
Tu es le lit de mon fleuve je glisse et t'éclabousse,
Je suis l'eau et ses crêtes de coq hérissées,
L'eau qui chante comme un coq et secoue ses plumes,
Je suis le coq de feu qui te sèche et t'embrasse
Et qui te change en cendre, en fumée, en distances.
Tu chantes. Je chante.
Je suis l'écho de to voix. Tu es l'ombre de ma voix.
Nos peuples s'unissent en paix.
L'hiver recule, l'automne reverdit,
La nuit s'ouvre sur l'aube,
La glace coule, fleuve de l'aurore,
Le pôle brille comme un tropique,
L'éternel été fulgure, scintillant l´équinoxe précise l´âge d'or,
Et, toi et moi, nous sommes clairvoyance,
Double oiseau du soleil.
Traduct. Claude Couffon
NUIT CLAIRE
Octavio Paz
Mexique
Aux poètes André Breton et Benjamin Péret
A dix heures du soir au café d'Angleterre
A part nous trois
Il n'y avait personne
On entendait dehors le pas humide de l'automne
Pas d'aveugle géant
Pas de forêt arrivant à la ville
Avec mille bras avec mille pieds de brume
Face de fumée homme sans visage
L'automne marchait vers le centre de Paris
D'un pas sûr d'aveugle
Quelque chose se prépare
Dit l'un de nous
Les gens marchaient dans la grande avenue
Quelques-uns d'un geste furtif s'arrachaient le visage
Pierres laissant sourdre le temps
Maisons invalides ossuaires transis
Ossements encore fiévreux
Une prostituée belle comme une papesse
Traversa la rue et disparut dans un mur verdâtre
Le mur se referma
Tout est porte
Il suffit de la pression légère d'une pensée
La vie s'ouvre en grand
Quelque chose se prépare
Dit l'un de nous
La minute s'ouvrit en deux
Je lus des signes sur le front de cet instant
Les vivants sont vivants
Ils marchent volent mûrissent éclatent
Les morts sont vivants
Le vent les agite les disperse
Grappes qui tombent entre les jambes de la nuit
La vine s'ouvre comme un cœur
Comme une figue la fleur qui est fruit
Bien plus désir qu'incarnation
Incarnation du désir
Quelque chose se prépare
Dit le poète
Rien ne se dit sauf l'indicible
Ce même automne vacillant
Cette même année maladive
Fruit fantôme qui glisse entre les mains du siècle
Année de peur temps de susurrement et de mutilation
Nul n'avait de visage ce soir-là
Dans l'under ground de Londres
Au lieu des yeux
Une abomination de miroirs brouillés
Au lieu des lèvres
Des points de couture confus
Nul n'avait de sang nul n'avait de nom
Nous n'avions ni corps ni esprit
Nous n'avions pas de visage
Le temps faisait des tours et des tours et ne passait pas
Rien ne passait que le temps qui passe et revient at ne passe pas
Lorsque parut le couple adolescent
Lui était blond “javelot de Cupidon”
Casquette grise courageux moineau des rues
Elle était petite rousse tachée de son
Pomme sur tine table d'humbles gens
Pâle branche dans une tour d'hiver
Enfants féroces chats sauvages
Deux plantes rebelles enlacées
Deux plantes avec des épines et des fleurs soudaines
Sur le vêtement fraise qu'elle portait
Resplendit la main du garçon
Les quatre lettres du mot Love
Sur chaque doigt brûlant comme des astres
Tatouage d'écolier encre de Chine et de passion
Anneaux palpitants
Oh main collier autour du cou avide de la vie
Oiseau de proie et cheval assoiffé
Main qui donne le rêve et donne la résurrection
Petit soleil et fleuve de fraîcheur
Main qui donnes le rêve et donnes la résurrection
Tout est porte
Tout est pont
Maintenant nous marchons sur l'autre rive
Regarde couler en bas le fleuve des siècles
Le fleuve des signes
Regarde couler le fleuve des astres
Ils s'enlacent et se séparent s'unissent de nouveau
Ils se parlent en un langage d'incendies
Leurs luttes leurs amours
Sont la création et la destruction des mondes
La nuit s'ouvre
Main immense
Constellation de signes
Ecriture silence qui chante
Siècles générations to étais
Syllabes que quelqu'un prononce
Mots que quelqu'un entend
Arcades aux piliers transparents
Echos appels signes labyrinthes
L'instant clignote dit quelque chose
Ecoute ouvre les yeux ferme-les
La marée se lève
Quelque chose se prépare
Nous nous dispersons dans la nuit
Mes antis s'éloignent
J'emporte leurs paroles comme un trésor brûlant
Le fleuve et le vent de l'automne luttent
L'automne lutte contre les maisons noires
Anné d'os
Pile d'années mortes et crachées
Saisons violées
Siècle sculpté dans un hurlement
Pyramide de sang.
Heures rongeant le jour l'année le siècle l'os
Nous avons perdu toutes les batailles
Tous les fours nous avons gagné une
Poésie
La vine se découvre
Son visage est le visage de mon amour
Ses longues jambes sont les jambes de la femme que j'aime
Tours places colonnes ponts rues
Fleuve ceinture de paysages noyés
Ville ou Femme Présence
Eventail qui montre et cache la vie
Belle comme la révolte des pauvres
Ton front délire mais dans tes yeux je bois de la sagesse
Tes aisselles sont nuit mais tes seins sont jour
Tes paroles sont de pierre mais to langue est pluie
Ton dos est le midi de la mer
Ton rire le soleil entrant dans les banlieues
Tes cheveux se dénouant la tempête sur les terrasses de l'aube
Ton ventre la respiration de la mer la pulsation du jour
Tu t'appelles torrent et rappelles prairie
Tu t´appelles pleine mer
Tu portes tons les noms de l'eau
Mais ton sexe est innombrable
L'autre face de l'être
L'autre face du temps
L'envers de la vie
Ici cesse tout discours
Ici la beauté n'est plus lisible
Ici la présence devient terrible
Repliée sur elle-même la Présence est vide
Le visible est invisible
Ici se fait visible l'invisible
Ici l’étoile est noire
La lumière est ombre et lumière l'ombre
Ici le temps s'arrête
Les quatre points cardinaux se touchent
L'endroit solitaire est l´endroit du rendez-vous
Ville Femme Présence
Ici le temps commence.
Traduct. De Claude Couffon
VIE RECLUSE
Cesar Fernandez Moreno
Argentina
assis sur le seuil de ma maison
qu'il paraît grand le sentier d'en face
ces choses que crée l'homme pour dissimuler l'indifférence de
[la terre
le mur lisse comme la fin du monde
les briques bien ordonnées et blanchies
les fenêtres où se penche le soir
et au-dessus quelques petites prairies qui plaisent au ciel
et le ciel agrippant les nuages
et le chat les mouches
et le linge qui sèche toujours dans le fond
où une poule picore le vide
et l'abeille qui entre avec un murmure de paix
et la mort qui boit sans méchanceté dans mon cœur
et l'argument décisif la pluie
Traduct F. Verhesen
CHE CUBA
(A la mémoire de Camilo Cicatuegos)
Mario Trejo
Argentina (1926)
Je vois l'insomnie phosphorescente d'un tambour
Un tambour brouillé par la distance
Luxueuse distance d'un touriste
Paralysé par le paysage
Un paysage paralysé par la misère
Misère !
Mot dangereux
Festival d'absences
Duel des mains dans un noir velours usé
Enfoncement d'un oiseau an ciel
Tombe de feu
Paysage de cendres
Dans un féroce champ de statures
Une pâle femelle se promène
C'est un collectionneur de gros sous
De sous rongés par la faim
D'une faim encerclée par la soif
Soif qui a nom eau ou rhum
Mais surtout justice qui a nom
Homme et femme et enfant et pain
Notre pain de chaque, jour
Notre chaque jour comme œil et comme main
Main qui était loin et est arrivée
Main serrant le cou de l'histoire
Le Grand Spectacle :
“Il est rappelé aux spectateurs
Qu'il est absolument interdit de jouer”
Mais il est temps d'abolir la tolérance
Cette habitude d'admettre
De hocher la tête
De dire oui à tout
Car la véritable histoire ne dort pas
Mame si les empereurs ont des insomnies.
Traduit par M.S. Rubens
POEME
Augusto Lunel
Pérou (1928)
La rose est un, éclatement prolongé,
un lieu de lente lumière.
Oiseau qui chante vers l'intérieur,
qui vole vers l'intérieur,
qui se multiplie vers l'intérieur,
qui sort vers l'intérieur...
il est midi au centre de la rose.
Echo de la splendeur
son sang va seul vers l'extérieur
comme si son chant était son parfum.
Ecume de sa houle intérieure,
musique de marbre ;
paupières fermées vers l'extérieur
et ouverte vers l'intérieur,
le temps a laissé sur les pétales toute sa soie.
Les fleurs aux cent ailes
et dont le cœur d'abeilles
lèche le miel du jour,
dont la couleur rosée est bleue comme la neige
l'aquilon, rose de l'air,
le tourbillon, rose de l'eau ;
le volcan, rose de la terre
et mon cœur, rose du feu
se sont posés sur tes épaules.
Traduct J.C. Lambert
ALEJANDRA PIZARNIK
Argentine
Traduct. De Laure Guille
I
Il faut sauver le vent
les oiseaux brûlent le vent
dans les cheveux de la femme solitaire
qui revient de la nature
et tisse des tourments
il faut sauver le vent.
II
La chemise en flammes, elle saute
d’étoile en étoile
d'ombre en ombre.
Elle meurt de mort lointaine
Celle qui aime le vent.
LA SCIENCIE NATURELLE
Julio Llinas
Argentina (1929)
I
O vents qui dormez tandis que la mer accouche ! Faims !
comme une épine obstinée dans les paupières d'un roi.
Derrière l'horizon il y a un voleur baigné de larmes,
un prince du soleil.
II
Corbeau craintif, sache que ma cervelle est visitée d'un grand
soleil violacé, un grand mal héroïque qui ranime et
dépèce les gloires carnassières des athlètes du siècle.
III
Dans le désert il y a une piste et un oiseau de soufre.
Les vents mauvais sont l´appât du corbeau. Le maître du calme
nous montre ses blanches possessions.
Dans le désert il y a un cheval assis comme un mort.
Quand il peut il y a, entre les yeux des bêtes, le coup de fouet
de la beauté.
Traduct. J.C. Lambert
UN MILICIEN PARLE A SA MILICIENNE
Roberto Fernandez Retamar
Cuba (1930)
Pour chacun la révolution est la fleur violente de la vie :
Le pain du pauvre, la nourriture de l'obscur travailleur,
La justice et le courage, l'honneur et le sang,
L'immense flambée qui parcourt le pays, qui enflamme le peuple
Comme une forêt de splendides cathédrales bleues,
Le rugissement de l'air, le chœur des hommes reconquis,
La beauté d'une nouvelle constellation qui scintille en la nuit.
Et lorsque mon cœur cherche le visage
De ce moment éclatant, de ce printemps,
Sans hésiter je vais vers toi ; je me montre, je m'approche de toi,
Femme claire comme le diamant, dure comme le diamant,
Comme l'aurore, comme l'eau,
Car tu es pour moi le simple et mystérieux symbole de la
[revolution
Dont la lueur m'a révélé l'arme de la vie.
Traduct. De Fernand Verhessen
EXPOSANTS
1 ABREU Mario
Vénézuélien - Né en 1924, Galerie Valérie Schmidt, Paris
2 AGUIAR Manuel
Uruguayen - Né le 22 avril 1927, 39, rue Compans, Paris-19e
3 ALDO
Argentin - Né le 8 janvier 1945, 14, rue Paul-Valéry, Paris-16e
4 ALVAREZ-RIOS Roberto
Cubain - Né le 7 septembre 1932, Maison de Cuba, Cité Universitaire, Paris
5 ARCAY Wifredo
Cubain - Né en 1925, 30, rue A.-Perdreaux, Velizy (S.-et-0.)
6 BALMES Jose
Chilien - Né le 20 janvier 1927, Consulat du Chili, Paris
7 BANDEIRA Antonio
Brésilien - Né en 1920, Ambassade du Brésil, Paris
8 BARREDA Ernesto
Chilien - Né en 1927, 7, rue du 29-Juillet, Paris-1e
9 BARRIOS Armando
Vénézuélien - Né en 1920, 37, ay. Georges-Mandel, Paris-16e
10 BARRIOS Gracia
Chilienne - Née le 27 juin 1927, Consulat du Chili, Paris
11 BASURCO Alfredo
Péruvien - Né en 1926, 8, rue des Ciseaux, Paris-6e
12 BENN-POTT Carlos
Argentin - Né le 29 sept. 1924, 60, rue Hoche, Malakoff
13 BERNI Antonio
Argentin - Né le 14 juillet 1905, 11, rue Louis-Morard, Paris-14e
14 BONATI Eduardo
Chilien - Né en 1930, Consulat du Chili, Paris
15 BOTO Marta
Argentine - Née en 1925, 83, rue du Château-des-Rentiers, Paris
16 BRANDT Alberto
Vénézuélien - Né le 15 juillet 1924, Galerie Valérie Schmidt, Paris
17 CAMACHO Jorge
Cubain - Né le 5 janvier 1934, 8, rue de la Grande-Chaumière, Paris-6e
18 CAMPOS-MELLO Sergio
Brésilien - Né en 1932, 23 bis, boul. Arago, Paris-13e
19 CANDALE Victorius
Martiniquais - Né le 7 avril 1930, 6, rue de Dantzig, Paris-15e
20 CANDIA Domingo
Argentin - Né en 1897, 114, rue du Château, Paris-14e
21 CANTU Gerardo
Mexicain - Né le 12 avril 1934, Maison du Mexique, Cité Universitaire, Paris
22 CARDENAS Augusto
Cubain - Né le 10 avril 1927, Galerie du Dragon, Paris
23 CAIROLI Carlos
Argentin, 50, rue Vercingétorix, Paris-14e
24 CARLISKY
Argentin - Né le 21 novembre 1914 72, rue Maurice-Ripoche, Paris-14e
25 CARLOS
Uruguayen - Né le 6 nov. 1922 Chemin rural n° 13, Gif-sur-Yvette (S.-et-O.).
26 CARREÑO Mario
Cubain - Né en 1913 5, rue Sainte-Beuve, Paris
27 CARREÑO Omar Rafael
Vénézuélien - Né le 7 fév. 1927 29, rue Mazarine, Paris
28 CASTAÑO
Cubain - Né en 1932 Pavillon de Cuba, Cité Universitaire, Paris
29 CASTILLO Sergio
Chilien - Né en 1925 5, rue Sainte-Beuve, Paris
30 CHAVEZ-LOPEZ Gerardo
Péruvien - Né le 16 nov. 1937 21, rue Pixerécourt, Paris-20e
31 COLINA Juan
Péruvien - Né en 1917 21, avenue du Président-Wilson Paris-16e
32 COLVIN Marta
Chilienne - Née le 22 juin 1917 96, bout. Saint-Germain, Paris-5e
33 CONTRERAS BRUNET Ivan
Cubain – Né le 19 février 1927 21 bis, rue du Clos-Feuquières, Paris-15e
34 CORONEL Pedro
Mexicain - Né en 1923, Le Point Cardinal, Paris
35 COUSIÑO Juan-Luis
Chilien - Né le 26 août 1923, 21, rue Dauphine, Paris-6e
36 CRUZ-DIEZ Carlos
Vénézuélien – Neé le 17 août 1923, 218, rue de Grenelle, Paris-7e
37 CUELLO Felix
Argentin - Né le 13 mai 1929 132, avenue de Paris, Versailles
38 DAGNINO Antonio E.
Vénézuélien - Né le 28 janv. 1940, 52, rue Dauphine, Paris
39 DÁVILA Miguel
Argentin - Né le 28 déc. 1926 14, rue Lombart, Fontenay-aux-Roses
40 DEBAISIEUX Yvonne
Argentine - Née le 20 janv. 1913 Bateau “Monica”, Face au 63, Quai Carnot, Saint-Cloud (S.-et-O.)
41 DEBOURG Narciso
Vénézuélien - Né en 1924 Rue Christine, Paris
42 DE CAMARGO Sergio
Brésilien - Né le 8 avril 1930, 23, ay. Pasteur, Vanves (Seine)
43 DEIRA Ernesto
Argentin - Né le 27 juillet 1928, 14, avenue Lombart, Fontenay-aux-Roses
44 DE JUAN Ronaldo
Argentin - Né le 28 déc. 1930, Atelier 25, 7, rue d'Arsonval, Paris-15e
45 DE LA VEGA Jorge
Argentin - Né en 1930, 4, rue de Paris, Issy-les-Moulineaux
46 DEL CARRIL Delia
Argentine, 57, rue de Seine, Paris-6e
47 DELFINO Leonardo
Argentin - Né le 10 déc. 1928 143, rue de Clignancourt, Paris
48 DEMARCO
Argentin - Né en 1932, Galerie Denise René, Paris
49 CICERO DIAS
Brésilien - Né en 1908, 16, rue des Saussaies, Paris
50 DIAZ-LARROQUE Ernesto
Argentin - Né le 2 déc. 1918, 83, rue du Château-des-Rentiers, Paris
51 EBLING Sonia
Brésilienne - Né le 19 nov. 1926, 10, rue Joseph-Liouville, Paris
52 ERMINY Peran
Vénézuélien - Né le 2 nov. 1930, 4, rue Guilhem, Paris-11e
53 ERTAN Simona
Argentine - Née le 27 nov. 1923, 40, rue de l'Amiral-Mouchez, Paris
54 ESPINOZA Manuel
Vénézuélien – Né en 1937, Ambassade du Venezuela, Paris
55 ESPINOZA DUEÑAS Francisco
Péruvien - Né le 8 juillet 1926, 82, avenue Niel, Paris-17e
56 FERNANDEZ Agustin
Cubain - Né le 16 avril 1928, 81, ay. R.-Poincaré, Paris-16e
57 FERRARI Léon
Argentin - Né en 1920, Le Point Cardinal, Paris
58 FERRER Joaquin
Cubain - Né le 4 juillet 1929, Maison de Cuba, Cite Universitaire, Paris
59 FRANK Magda
Argentine - Née en 1916, 6 bis, rue Fourcroy, Paris
60 GABRIEL Jacques
Haïtien - Né le 12 déc. 1934, 41, rue de Seine, Paris
61 GANDOS Eduardo
Uruguayen - Né le 17 nov. 1924, 18, rue du General-Beuret, Paris-15e
62 GESNER Armand
Haïtien - Né le 11 juin 1936, 36, rue Saint-Lambert, Paris
63 GIRONELLA Alberto
Mexicain - Né le 26 sept. 1929, Galerie Bellechasse, Paris
64 GRECO Alberto
Argentin - Né le 14 janvier 1931 Consulat argentin, Paris
65 GUZMAN Alberto
Péruvien - Né le 4 sept. 1927, 8, rue des Ciseaux, Paris-6e
66 HERNANDEZ Mariano
Argentin - Né le 28 nov. 1928, Galerie Neuville, Paris
67 JONQUIERES Eduardo
Argentin - Né le 27 févier 1918, 3, Impasse du Moulin-Vert, Paris-14e
68 KOSICE Gyula
Argentin - Né le 26 avril 1924, 11, rue Louis-Morard, Paris-14e
69 KRAJCBERG Frans
Brésilien - Né le 14 avril 1921, 21, avenue du Maine, Paris-15e
70 KRASNO Rodolfo
Argentin - Né le 27 août 1926, 151, boul. Voltaire, Paris-11e, Galerie La Hune, Paris
71 LAM Wifredo
Cubain - Né le 8 déc. 1902, Albisola Mare (Italie)
72 LANGLOIS Juan
Argentin - Né le 27 nov. 1926, 11, allée des Platanes, Saint-Mandé (Seine)
85 MIRANDA GARCIA
Argentin - Ne le 7 octobre 1930, 16, rue de Tournus, Paris-15e
86 MIRAVET TITO
Argentin - Ne en 1925, 24, rue des Beaux-Arts, Fontenay-sous-Bois
87 MOLINARI-FLORES
Equatorien - Ne le 20 déc. 1931, 385, rue de Vaugirard, Paris-15e
88 MONCLOA Benjamin
Péruvien - Né le 24 sept. 1927, 19, rue de la Gaîté, Paris
89 MOREL Alejandro
Chilien - Né en 1924 c/o POIROT, 55, rue St-Jacques, Paris-5e
90 MORENO Pedro
Colombien - Né le 19 juin 1936, 16, place du Marche, Neuilly-sur-Seine
91 MORENO Rosario
Argentine, 14, rue Paul-Valery, Paris-16e
92 MUCHNIK Carolina
Argentine, Hôtel Beauvoir, 43, ay. de l'Observatoire, Paris
93 NAVARRO Pascual
Vénézuélien - Né en 1923, 1, rue Tretaigne, Paris
94 NIETO Rodolfo
Mexicain - Né le 13 juillet 1931, Cité Universitaire, Paris
95 NOE Luis-Felipe
Mexicain - Ne le 13 juillet 1931
95 NOE Luis-Felipe
Argentin - Né en 1933, 4, rue de Paris, Issy-les-Moulineaux
96 OCAMPO Miguel
Argentin - Né en 1922, Ambassade de la République, Argentine
97 ORAMAS Alirio
Vénézuélien - Né en 1924, 79, boul. Romain-Rolland, Montrouge
98 OTERO Alejandro
Vénézuélien - Né le 7 mars 1921, 20, boul. de la Bastille, Paris
99 PARDO Mercedes
Vénézuélienne – Née le 29 juillet 1922, 20, boul. de la Bastille, Paris-12e
100 PERA DEFILLO Fernando
Né en 1928 à Saint-Domingue, 12, rue de Verneuil, Paris
101 PEDROSO D'HORTA Arnaldo
Brésilien - Né le 5 déc. 1914, Hôtel l'Amiral, 90, rue de l'Amiral-Roussin, Paris
102 PELLON Gina
Cubaine - Née le 26 déc. 1926 - Maison de Cuba, Cité Universitaire, Paris
103 PENALBA Alicia
Argentine - Née el 9 août 1918, 27, rue Sadi-Carnot, Montrouge (Seine)
104 PEREZ Alberto
Chilien - Né en 1926, Consulat du Chili, Jose Antonio, 591, Barcelona
105 PEREZ-ROMAN Jorge
Argentin - Ne le 4 oct. 1926, 22, rue du Cloître-St-Merri,
Paris 4e
106 PEYCERE Enrique
Argentin - Né le 26 août 1927, 18 bis, rue Henri-Barbusse, Paris-5e
107 PINTO Marie-Thérèse
Chilienne - Née le 5 sept. 1910, 7, Impasse du Rouet, Paris-14e
108 PIQUERAS Jorge
Péruvien - Né le 18 juillet 1925, Galerie Neufville, Paris
109 PIZA Artur Luiz
Brésilien - Né en 1928, Galerie La Hune, Paris
110 PORTELA PARKER
Argentine, 76, rue de la République, Puteaux (Seine)
111 PRAT GAY Juana
Argentine - Née le 14 avril 1931, 45, rue Boissonade, Paris-14e
112 QUINTANILLA Alberto
Péruvien - Né en 1934, Hôtel de la Sorbonne, rue Victor-Cousin, Paris
113 RABELLINO Mabel
Uruguayenne, Née le 20 juillet 1929, 3, rue Boissonade, Paris-14e
114 RODRIGUEZ-SIBAJA Juan – Luis
Costarrissien - Né le 24 nov. 1934, 21, rue Pixerécourt, Paris
115 ROMERA Julio
Argentin - Né le 27 juin 1927, Consulat argentin, Paris
116 ROSSINI PEREZ
Brésiliens - Né le 15 oct. 1932, Maison de l'Italie, Cité Universitaire, boulevard Jourdan, Paris
117 SERVULO Esmeraldo
Brésiliens - Né en 1929, Galerie La Hune, Paris
118 J.H. SILVA
Argentin - Né en 1930, Galerie de l'Université, Paris
119 SILVA-DELGADO Leandro
Uruguayen - Né le 28 nov. 1930, 19, rue Cujas, Paris
120 SHIRO Flavio
Brésiliens - Né le 27 aoút 1928, 56, rue de la Verrerie, Paris-4e
121 SOBRINO Francisco
Espagnol, en Argentine depuis, 1949 - Né le 19 février 1932, 43, rue Castagnary, Paris-15e
122 SOLANO Pablo
Colombien - Né le 30 juin 1928, 11, avenue Saint-Exupéry, Antony (Seine)
123 SOTO J. R.
Vénézuélien - Né le 5 juin 1923, 68, rue de Turenne, Paris-3e
124 STIMM Oswaldo
Argentin - Ne le 13 août 1923, 83, rue du Château-des-Rentiers, Paris
125 TAMAYO Rufino
Mexicain - Né en 1899, (Euvres cédées par la Galerie “La Cour d'Ingres” et Mad. B. Bouthoul
126 TELEMAQUE Herve
Haïtien - Né le 5 nov. 1937, 89, rue du Fg St-Denis, Paris
127 TELLEZ Eugenio
Chilien - Né le 28 janvier 1939, 7, rue Joseph-Bara, At. 17, Paris-6e
128 TOLEDO Francisco
Mexicain - Né le 17 juillet 1940 Cite Universitaire, Paris
129 TOMASELLO Luis
Argentin - Né en 1915 Galerie Denise René, Paris
130 TORAL Mario
Chilien - Né le 12 févier 1934, 16, rue de la Liberte, Paris-19e
131 TORRES AGUERO
Argentin - Né en 1928, 21, quai de l'Argonne, Le Perreux (Seine)
132 USHEFF Ana
Argentine - Née le 10 avril 1938, Collège Franco-Britannique, 7, boul. Jourdan, Paris
133 VARDANEGA Gregorio
Argentin - Né le 21 mars 1923, 83, rue du Château-des-Rentiers, Paris-13e
134 VIAL WILLIAMS Ivan
Chilien - Né le 8 mars 1928, 5, rue Sainte-Beuve, Paris
135 VIGAS Oswaldo
Vénézuélien - Né en 1926, 33, rue Dauphine, Paris-6e
136 VILLANUEVA Mercedes
Péruvienne - Née le 24 sept. 1925, 13, rue des Beaux-Arts, Paris
137 WENKE Maria Christina
Chilienne - Née le 14 août 1936, 21, rue Dauphine, Paris
138 ZARARTU Enrique
Chilien - Né en 1921, Galerie Flinker, Paris